Publié le

Ne pas oser

cat, animal, pet

Dis, est-ce que tu fais partie de ces hommes qui stressent un peu, beaucoup, passionnément dès lors qu’il s’agit de relationner ou de faire du sexe avec quelqu’un·e ?
Si oui, cette lettre est pour toi tout particulièrement.

Je reçois en rendez-vous une grande proportion de personnes pour qui les relations affectives et sexuelles sont source d’inquiétude, d’anxiété, de stress, et donc, par voie de conséquence, ces personnes se montrent très timides dès qu’une relation peut être autre chose que platonique.

Vous avez été quelques-uns sur X à oser expliquer ce qui se passe en vous dans ces moments-là.
Et la plupart du temps, ce qui vous empêche d’être à l’aise dans le sexe, c’est la peur de mal faire (mais pas que, il y a aussi des personnes qui ont vécu des traumas sexuels et que ça bloque, mais j’en ferai sans doute une lettre à part entière).

Si tu as peur de mal faire, c’est sans doute que tu penses ne pas savoir faire. Que tu te sens un peu maladroit, un peu nul, un peu pas doué. Et puis qu’en même temps, tu te dis que t’es un peu bête d’avoir peur, qu’il suffit de se lancer. Et tu t’en veux de ne pas y arriver, et tu te trouves un peu nul du coup, et ainsi de suite…. c’est le cercle vicieux. Peut-être même que tu n’as jamais eu de relation sexuelle à cause de ça. Et comme tu as dépassé les 20 ans, tu commences à te dire que c’est quand même honteux, et tu n’oses pas trop en parler de peur qu’on se fiche de toi. D’ailleurs, tu ne voudrais pas que la fille avec qui tu vas coucher un jour, s’en rende compte.

La première chose que j’ai envie de dire, c’est que ce n’est pas de ta faute. Vraiment.
Si tu as peur, que tu es inhibé·e, c’est qu’il y a une raison plus profonde, quelque chose qui te retient malgré toi, comme s’il y avait un danger à se jeter à l’eau. Et cette peur, elle est certainement là pour une bonne raison.

La deuxième chose que je voudrais que tu saches, c’est que tu n’es pas le seul à galérer avec tout ça. Vous êtes nombreux·ses, bien plus que tu ne le penses. Tu n’es pas une anomalie : peut-être qu’autour de toi d’autres personnes vivent la même chose, mais elles ne te le disent pas, parce qu’elles ont honte elles aussi. Les gens mentent, font semblant, pour se donner une contenance. Peut-être même que tu as déjà toi-même fait semblant d’être super à l’aise avec le sujet, pour ne pas paraître idiot·e avec tes potes.

Troisième chose : c’est logique que tu te juges là-dessus. Il y a une norme sociale patriarcale qui considère qu’un homme, un vrai, c’est quelqu’un qui ose, qui mène la danse, qui fait le premier pas, qui n’a pas peur de parler à une fille. En gros, l’inhibition, la timidité, vient en contradiction avec la définition de ce qu’est la masculinité, et ça peut donc être difficile à vivre quand on est un homme et qu’on ne correspond pas à cet idéal masculin. Spoiler : aucun homme ne correspond entièrement à cet idéal, et on peut être surpris de voir que certains hommes qui paraissent si sûrs d’eux, ne le sont pas tant que ça en réalité, et ont eux aussi des complexes. Simplement ils savent faire semblant, ou ne s’en rendent tout simplement pas compte car ils mettent tout sous le tapis.

Ok mais du coup, comment faire ?
Ben déjà, accepter que tu es timide et mal à l’aise, pour commencer. Le premier pas, c’est de reconnaître cela, tout simplement. De te dire à toi-même «ok, je suis pas le mec le plus à l’aise de la Terre, et alors ? Pour l’instant, c’est moi». Et puis après, oser en parler avec une personne proche.

Aussi, quand on est inhibé, c’est qu’on se fait une montagne de la chose que l’on redoute : on se met beaucoup de pression. Une des façons de faire baisser la pression, c’est d’aborder les personnes qui nous plaisent en ne se fixant aucun objectif. Cette nana te plaît ? Elle est jolie et drôle, intelligente, tu penses qu’elle ne pourra pas s’intéresser à un gars comme toi ? Mais toi, est-ce que tu as pris le temps de t’intéresser à elle ? Je veux dire, vraiment t’intéresser. Pas juste fantasmer.
Pose-lui des questions, essaie de faire sa connaissance, parle avec elle comme tu parlerais avec un gars que tu apprécies, oublie que tu voudrais la draguer. Si au final, il ne se passe rien de sexuel ou amoureux entre vous, tu n’auras pas perdu ton temps : tu auras appris à connaître un peu plus une personne, et peut-être que cette personne deviendra une chouette amie, ou peut-être que tu te rendras compte que finalement, elle ne t’intéresse pas tant que ça. Bref, tu auras appris à la fois des choses sur cette personnes, mais aussi des choses sur toi : tu en sauras plus sur ce que tu cherches dans une relation amoureuse ou sexuelle. Et puis peut-être qu’il se passera un truc entre vous.

Ensuite, il y a la situation “au lit”. Là c’est la panique. Tu essaies de te donner une contenance, tu fais des gestes un peu mécaniques, au fond de toi tu es tétanisé·e : tu ne sais pas si ce que tu fais est bien, si ça lui plaît. Tu te stresses à l’idée de bander, ou d’éjaculer trop vite, ou de ne pas savoir “y faire”. Pfiouuuuu… c’est intense, et désagréable, et du coup tu as vraiment peur de te retrouver à nouveau dans cette situation. Si tu vis cela:

Premier conseil : respiiiiire. Vraiment. Prends le temps de respirer lentement.
Deuxième conseil : choisis une personne qui t’inspire confiance. Et prends ton courage à deux mains pour lui dire “je préfère te prévenir, je stresse un peu, j’ai peur de mal faire, est-ce qu’on pourrait y aller tranquillement, et peut-être faire juste des caresses /câlins/bisous/dormir ensemble ?” (Remplace par ce qui te fait vraiment envie mais pas trop peur). Y aller tranquillement, sans précipitation, ça peut vraiment t’aider à faire baisser la pression, et mieux écouter ton propre rythme.

Et puis si vraiment, tout·e seul·e c’est compliqué, que dire cela te paraît déjà une énorme montagne, tu sais que je propose un espace confidentiel et non-jugeant pour à la fois discuter de tout ça, mais aussi expérimenter sensuellement et sexuellement avec moi, à ton rythme. Je te conseille particulièrement le sexe thérapeutique et le dialogue par visio pour avancer là-dessus.

J’espère que cette lettre t’aura permis de te sentir un peu moins seul·e avec ces questionnements, et peut-être t’aidera à cheminer. J’ai encore plein de choses à dire sur le sujet, mais j’ai déjà écrit un gros pavé, alors je te dis à la prochaine !

Je te souhaite d’être doux·ce avec toi-même ce soir.
Bises tendre,
Anna.