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L’amour en cadeaux

selective focus photography of three lit tealight candles

Tout ceux parmi vous qui me suivent depuis un certain temps savent que j’aime beaucoup les cadeaux.
Mais je n’écris pas cette sexolettre pour cela. J’écris sur ce sujet parce que j’ai pas mal réfléchi ces derniers temps à ce que j’apprécie dans une relation. Et j’apprécie énormément donner : de mon temps, de mon écoute, de la tendresse, de la gentillesse, du sexe, des câlins… la liste est longue.

C’est un plaisir sans cesse renouvelé de faire plaisir, de voir que l’on fait du bien à l’autre.
Et faire des cadeaux, c’est une manière de se nourrir du plaisir que l’on fait. Quand on fait plaisir à une autre personne, on se sent, soi-même une meilleure personne souvent. Ce qui signifie que lorsqu’on donne de bon coeur, c’est un peu comme se donner de l’amour à soi-même par la même occasion.

Le truc, c’est que ce deuxième effet kiss cool ne fonctionne que si l’on a le sentiment de recevoir aussi des autres. Quand on se sacrifie, ou qu’on donne aux mauvaises personnes, qui ne savent pas apprécier, ou qui n’ont rien demandé, ce n’est pas vraiment donner pour faire plaisir, mais donner en attendant une récompenses : de l’attention, un cadeau équivalent, etc… et on risque au final d’être assez frustré·e.

Ces derniers mois, j’appris à donner moins, à des personnes qui me donnaient peu en retour, car je me suis rendu compte que je donnais en attendant quelque chose en retour et si ce quelque chose ne venait pas, eh bien j’étais en colère ou frustrée ou triste. J’ai donc pris le temps à chaque fois que je voulais offrir un cadeau ou faire une suprise, d’observer si j’allais être déçue de ne rien recevoir d’équivalent de la part de la personne. Et si je me rendais compte que mon envie de donner était conditionnée alors je ne donnais pas. Car l’objectif de donner, ce n’est pas d’être dégoûté·e ensuit et de regretter. Ce qui est offert est offert.

Au contraire, il y a certaines relations où c’est facile et simple de donner, car on reçoit aussi énormément, et dans ce cas, c’est comme un cercle vertueux qui se met en place : plus le temps passe et plus on a envie de donner, parce que l’on se sent comblé·e. Ça peut même déborder sur l’entourage : recevoir donne envie de donner autour de soi, juste comme ça, parce qu’on est soi-même suffisamment nourri·e pour pouvoir partager.

Faire des cadeaux ou des surprises, cela implique une véritable attention à l’autre. Offrir un cadeau à côté de la plaque, peut faire tout l’inverse de l’effet escompté. Pour devenir plus doué·e dans ce domaine, cela demande d’apprendre à se tourner vers les autres, à être curieux·se de leurs goûts, de leur personnalité, et ne pas hésiter à demander comment leur faire plaisir. Il y a des gens qui préfèrent les objets utiles, d’autres qui n’aiment pas les surprises, d’autres qui préfèrent le temps passé ensemble, d’autres comme moi, les trucs bons à manger et l’argent !

Ce qui est drôle c’est que je n’ai pas vraiment fait exprès de parler de cadeaux au moment de Noël, cela m’est juste venu comme ça, car j’y pensais.

Récemment, j’ai fait une liste à mon amoureux de toutes les choses qui me font plaisir à recevoir, que ce soit matériel ou immatériel, et je pense que c’est en réalité un super cadeau à se faire à soi et aux gens proches. Prendre le temps de se demander à soi, de quoi nous avons besoin pour nous sentir aimé·e·s, et permettre aux autres de tomber juste.

Et je dirais que c’est un peu la même chose dans le sexe.
Il est bon de prendre le temps de discuter de ce qu’on aime et ce qu’on aime pas, de ce dont on a envie ou pas sur le moment, et ne pas se reposer sur ce que l’on imagine que l’autre attend de nous, car parfois, on se plante complètement.

Et il est d’ailleurs possible de vivre la sexualité comme des cadeaux que l’on se fait à tour de rôle : être centré·e sur le plaisir de l’autre pendant toute une séance de sexe, sans forcément attendre la réciproque immédiatement après, mais simplement pour le plaisir de faire plaisir. Et savoir se laisser aller à recevoir les cadeaux sexuels de l’autre, c’est aussi tout un programme, qui contrairement à ce que l’on pourrait penser, n’est pas si facile à faire.

Beaucoup d’hommes ont du mal à se laisser faire, car la masculinité est associée à la domination, à l’action. Se laisser faire est alors assimilé à une forme de soumission et de passivité. Alors que non : se laisser aller, c’est faire activement confiance à l’autre, c’est vivre son plaisir à 100 %, sans chercher à maîtriser le cours des choses. Cela permet de découvrir de nouvelles contrées souvent inexplorées, des plaisirs que l’on ne ressent que dans le lâcher prise.

Inversement, beaucoup de femmes ont tout autant du mal à lâcher-prise, pour d’autres raisons : le manque de confiance dans leur partenaire en particulier si c’est un homme (aucune femme ne traverse la vie sans vivre d’agressions sexuelles de la part d’un ou plusieurs hommes), les complexes liés au physique qui empêchent de se concentrer sur l’instant présent, les traumas sexuels qui ont pu les désensibiliser ou qui leur provoquent des douleurs, accepter des pratiques qu’elle n’aiment pas tant que ça.

Pour pallier à toutes ces difficultés, une des clés est d’en parler, de mettre au jour les peurs, et pouvoir être écouté·e et compris·e par l’autre. Et de ralentir, ralentir, ralentir les gestes, pour bien prendre le temps de sentir, et pouvoir vérifier instant par instant que l’on aime ce qui se passe, que l’on soit la personne qui donne ou celle qui reçoit.

Si cela te fait envie, mais que tu ne sais pas trop par quel bout le prendre, je suis là pour ça 🙂