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L’éjaculation précoce

Après un petit sondage sur mon compte twitter, il s’est trouvé que parmi mes abonnés qui souhaitent être des bons amants (promis je ferai un article sur c’est quoi “un bon amant” selon moi), l’appréhension numéro 1, c’est d’éjaculer trop vite et donc, décevoir le ou la partenaire.

J’aimerais tout d’abord te dire, cher lecteur, que si tu es concerné par le fait de lâcher les vannes trop tôt, eh bien tu es loin d’être le seul, puisque 65% des hommes en font l’expérience au cours de leur vie. Et 11% de manière persistante. Selon une étude sur le sujet, c’est loin d’être un sujet anodin ou à prendre à la légère, car se percevoir comme éjaculateur précoce est corrélé avec beaucoup d’anxiété et de dépréciation de soi. Mais tout d’abord, c’est quoi précisément l’éjaculation précoce ?

Tous les hommes ou presque, éjaculent “trop vite”

Si on interroge les hétéros sur la durée d’un coït, selon les sondages, la pénétration lors d’un rapport durerait environ 13 minutes en moyenne. Selon une autre étude on a demandé à 500 couples de chronométrer les pénétrations en question, et ce serait plutôt de l’ordre de 5 minutes (ça la fout mal hein ?). Et je vais te dire une chose, de mon expérience personnelle, on est beaucoup plus souvent proches de 5 minutes que de 13.

Donc déjà, commençons par arrêter de focaliser sur la durée de la pénétration. Ensuite, il n’y a pas de définition consensuelle de ce qu’est réellement l’éjaculation précoce. Selon les uns, c’est quand ça dure moins d’1mn, selon les autres, c’est quand ça dure moins de 10 va-et-vient, ‘fin bref. Cher lecteur, si tes pénétrations durent plus de 1mn, tu es déjà dans une norme tout à fait acceptable, et tu es même, si l’on compare avec les autres mammifères à part le rhinocéros, un champion du coït ! Mais comme il n’y a pas de définition précise sur laquelle tous les sexologues et médecins tombent d’accord, je te propose qu’on lâche l’affaire sur la définition, et qu’on se base plutôt, sur ton ressenti à toi.


Si après avoir lu ces paragraphes tu es rassuré et la pression d’être l’amant le plus endurant de la terre t’a quittée, bingo, tout va bien. Mais lis quand même la suite, on ne sait jamais, car je vais te dire un scoop : y a pas que le coït dans la vie.

Allons voir déjà par quelle EP (éjaculation précoce) tu es concerné.e.

Primaire, secondaire, circonstancielle ?

Oula, c’est quoi ça encore ?
L’EP est primaire si ça a toujours été comme ça, que l’éjaculation vient trop vite dans la très grande majorité des relations sexuelles, quelle que soit la/le partenaire. Et même quand tu te masturbes, l’orgasme vient très rapidement.

L’EP est secondaire, lorsqu’elle arrive plus tard dans la vie, après toute une période où le problème n’existait pas. Si elle est secondaire, il y a sans doute un événement qui en a été le déclencheur.

L’EP circonstancielle : elle n’arrive qu’avec un/une partenaire en particulier. Dans ce cas, c’est la relation avec cette personne qui est à observer, pour comprendre ce qui se passe entre vous. Discuter ensemble peut être une bonne idée pour commencer.

Si par ailleurs tu as des douleurs en urinant ou en éjaculant, ou des problèmes de thyroïde, consulte un médecin. Il se peut que la cause de ton EP soit médicale et non psychologique.

Emotions, santé psychique et relation aux autres

Des études montrent une corrélation très forte entre l’EP et la phobie sociale, entre l’EP et la dépression et un nombre très significatif d’éjaculateurs précoces ont des difficultés à exprimer ce qu’ils ressentent, à dialoguer avec leurs partenaires.

Parfois, l’éjaculation précoce n’est qu’un symptôme et non le problème principal. En plus des exercices pendant la sexualité, explorer la cause principale sera alors une bonne piste à suivre et devrait amener un mieux-être au-delà des relations sexuelles. Ceci étant, améliorer la manière dont se passent les relations sexuelles, peut tout à fait, de fil en aiguille, avoir un impact sur le reste de la vie sociale. Bref, à toi de voir sous quel angle tu souhaites avancer sur tes difficultés.

Quelques idées pour améliorer la situation

Cesser le sexe pénétratif pendant une semaine, deux semaines, même un mois ou plus. Et explorer TOUT le reste. Les massages, les câlins qui ne mènent pas au sexe, le cunnilingus, la fellation, les bisous sur tout le corps, les gratouilles, etc. Aborde le toucher sous un autre angle et laisse toi porter par le moment présent.

Prendre le temps. Dans “éjaculer trop vite”, il y a “trop vite”. On peut entendre une forme de précipitation, voire même un côté “pressé de finir”. Il est très intéressant de prendre le contrepied de cela, et de ralentir, ralentir, ralentir, et observer ses micro-sensations et émotions.

Respirer. Quand on est stressé, qu’on se met la pression pour quelque chose, on oublie souvent de respirer. Se concentrer sur son souffle, permet de se concentrer à nouveau sur les sensations du moment présent, et oublier, même un tout petit peu, la pression de la performance.

Faire un truc vite fait la première fois, et faire un second round dès que possible. Ça marche pour les personnes qui ont une période réfractaire assez courte. Parfois, une fois passé le premier orgasme, l’esprit est un peu plus apaisé et on peut reprendre plus tranquillement.

Discuter avec le/la partenaire. Parler de ses peurs avec la personne, avant de se lancer, peut aider à faire descendre la pression, et donc commencer le sexe plus sereinement. A condition que le/la partenaire soit prêt.e à cela et que tu sois également prêt.e à l’écouter.

Laisser l’autre mener la danse. Essaie de totalement lâcher prise, en te concentrant sur ta respiration et tes sensations, et laisse l’autre faire ce qu’il/elle veut de ton corps, en évitant de toucher ton sexe au moins au début. Laisse toi aller au plaisir, c’est doux, relaxant, et ça fait grave du bien. Avec un peu de chance tu en oublieras ton éjaculation. Faites le pendant quelques temps, pas juste une fois. Se relâcher quand on en a pas l’habitude peut demander un peu d’entraînement.

Méthodes plus “techniques”

Repérer les spasmes pré-éjaculatoires.
Si on arrive pas à maîtriser son éjaculation, c’est sans doute qu’on ne sent pas les indices précurseurs de l’éjaculation. L’anxiété notamment, insensibilise à ces sensations. Donc d’abord : se relaxer. Etre seul pour s’entraîner est potentiellement une bonne solution au début.

S’entraîner à les repérer, pourra permettre une meilleure maîtrise. Ce sont des spasmes qui surviennent au niveau du plancher pelvien: à l’entrejambe, derrière les testicules, cet endroit où la verge semble rentrer dans le corps. Lorsqu’ils arrivent, l’éjaculation est très proche. Arriver à les ressentir peut permettre de décaler un peu l’éjaculation en changeant de position, en faisant une pause, en prenant une respiration très profonde pour faire redescendre l’excitation. Il est possible de s’entraîner seul, pendant la masturbation.

“Stop and go”, “Squeeze”, etc… sont des méthodes qui fonctionnent et qu’on trouve facilement sur internet. Elles ont un inconvénient : diminuer pas mal le plaisir de la relation sexuelle, et maintenir le focus sur le pénis. Or une des raisons pour lesquelles le/la partenaire vit très mal l’EP, c’est notamment parce que l’éjaculateur précoce est obnubilé par son pénis et en oublie le reste. Donc elles sont à tester mais à mon avis, ne dispensent en rien d’explorer la sexualité en-dehors de la pénétration, et de développer ses capacités à communiquer avec l’autre sur ce qu’on aime, ce qu’on aime pas, ce qu’on ressent physiquement, émotionnellement.

Conclusion

Beaucoup d’hommes se considérant éjaculateurs précoces n’en sont en fait pas du tout au sens médical du terme. En se comparant au porno qui n’est pas réaliste, notamment, ces hommes-là placent la barre très haut, à un endroit inatteignable pour la plupart. Et surtout, une pénétration interminable est loin de plaire à tout le monde. Je le redis, il y a TOUT UN MONDE en-dehors du coït, et il est insuffisamment exploré dans les relations hétérosexuelles.

J’espère que cet article t’est utile et instructif ! Et si tu as envie de pouvoir expérimenter tout cela dans un cadre neutre et bienveillant, n’hésite pas à me contacter.