J’ai envie de te partager aujourd’hui une réflexion que je me suis faite il n’y a pas si longtemps.
Le sexe m’intéresse beaucoup, donc j’écoute pas mal de choses sur le sujet, je lis aussi pas mal d’articles à droite à gauche. D’ailleurs, si ça t’intéresse d’avoir des conseils de podcasts et de lectures, dis-le moi en réponse à ce mail.
Et souvent, j’entends, ou je lis, des descriptions de sensations, d’orgasmes, absolument incroyables. Des comparaisons magnifiques et poétiques, c’est un plaisir d’entendre et de lire tout cela. Et plus d’une fois je me suis dit : wow ! Ça a l’air fou ! Pourquoi je n’ai jamais vécu ça moi ? Je dois passer à côté de quelque chose, obligé…
Dans ces moments-là, pendant quelques minutes, je me dis qu’il faut que j’essaie telle ou telle pratique, que je me mette au tantra, ou au tao, ou que je m’exerce à éjaculer, ou encore que je fasse des exercices pour muscler mon périnée et je ne sais quoi encore.
En vrai, tout cela c’est super chouette à expérimenter, et je ne me l’interdirai pas. Mais je me rends compte que je peux être poussée par une pointe de jalousie. Par une forme de pression à l’extraordinaire.
J’en ai discuté avec un ami qui me connaît bien. Et je lui disais ceci :
« En fait, j’orgasme quand je veux, et autant que je veux, et je sais très bien comment avoir du plaisir vraiment super. Je crois qu’en fait, je n’utilise simplement pas les mêmes mots que ces personnes. Et que peut-être, quand on a eu des orgasmes pas très intenses pendant longtemps, ou pas d’orgasme du tout, quand on découvre des orgasmes plus intenses, c’est par comparaison que les adjectifs les plus fous nous viennent en tête. »
Je crois qu’en fait, je vis déjà de merveilleuses sensations avec mon corps, avec ou sans orgasme selon les moments. Et je vais être honnête, en vrai j’ai la méga flemme d’essayer d’avoir un truc hypothétiquement « mieux » que ce que j’ai déjà. Pourquoi courir après quelque chose dont je n’ai pas besoin ?
Et qui me dit, que je ne me mettrais pas à courir après quelque chose que j’ai déjà ?
Bon alors il y a bien cette amie qui m’a raconté son orgasme qui avait duré 15 minutes. 15 minutes ! Ça m’a laissée vraiment rêveuse… Ah et je précise, cette amie est lesbienne, c’est avec une femme qu’elle a eu cet orgasme incroyable.
C’est difficile de ne pas se comparer, difficile de ne pas se dire que l’herbe est sûrement plus verte chez la voisine. N’est-ce pas ?
Et pourtant, je pense que c’est justement ce qui nous empêche d’apprécier ce qui est à notre portée.
Le sexe, c’est comme le bonheur. C’est fait de merveilleuses petites choses, à apprécier dans l’instant, sinon, pfuiiit, c’est déjà parti. Alors, déjà que ce n’est pas si simple d’être branché.e sur l’instant présent, si en plus on se met des barres de plus en plus hautes à atteindre, définies par l’extérieur, on est à peu près sûr.e de passer à côté d’une belle sensation.
Et puis cela pose une question à laquelle je n’ai pas encore fini de répondre : est-ce que vivre bien sa sexualité, c’est vivre une sexualité intense ? Est-ce que le but, c’est d’atteindre l’éveil boudhique (huhu) ? Y a t’il même un but au sexe ?
A mon avis, non. Le sexe, c’est multiple, et ce qui est beau, c’est que c’est souvent la surprise. Et surtout, c’est un dialogue à l’instant T, un partage, une danse, une improvisation, une découverte sans cesse renouvelée.
D’autres fois, c’est l’inverse. On peut refaire l’amour X fois de la même manière et avec la même personne, et c’est doux, c’est agréable, c’est réconfortant. La routine n’est pas inévitablement ennuyeuse. Par exemple on peut écouter 10 fois la même chanson et kiffer 10 fois de manière différente. Ce qui est ennuyeux, c’est d’être en mode automatique, de ne pas être présent.e à ce qui se passe. Ce n’est pas forcément de refaire la même chose.
Voilà, en ce qui me concerne, j’écoute bien sûr les expériences des autres, et cela ouvre des possibles. Je n’oublie pas cependant que chaque expérience est unique, différente, et que vouloir calquer son degré de plaisir sur celui des autres ne pourra apporter que désillusion, déception ou frustration.
Ma clé pour cela, c’est être présent.e à l’instant, et vivre la sexualité avec beaucoup de conscience.