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Confinement

C’est le printemps, les oiseaux chantent, les bourgeons éclatent, le soleil sort de sa tanière…

Habituellement, c’est le moment où l’on a le plus envie de faire des rencontres sensuelles, de se câliner et de roucouler comme des tourterelles, même juste pour le temps d’une rencontre furtive.

Mais cette année, il en est tout autrement. La nature suit son cours, mais nous, devons nous terrer dans nos maisons, quand nous avons la chance d’en avoir une, quand nous avons la chance de pouvoir télétravailler, quand nous avons la chance de pouvoir être en chômage partiel.

J’ai de la colère quand je pense à toutes les personnes qui doivent continuer comme si de rien n’était, parce que les moyens ne sont pas mis sur la table pour permettre à toutes et tous de pouvoir se confiner, si l’on ne travaille pas dans un secteur essentiel. Je suis en colère quand je pense aux personnels soignants qui sont débordés par la situation faute de moyens matériels et humains, puisque la casse du système hospitalier est organisée depuis maintenant plusieurs dizaines d’années. Je pense également aux ouvriers de Saint-nazaire qui ont dû faire grève pour se faire entendre, je pense aux caissières, aux femmes de ménage des grands hôtels, aux livreurs deliveroo, aux employés d’Amazon, aux personnes sans toit, sans papiers, bref à toutes les personnes qui n’ont d’autres choix que de mettre leur vie en danger et par extension celle de tout le monde, qui travaillent sans protection ni réelles règles de sécurité.

Et je pense à nous escort-girls, travailleuses de rue, qui n’avons plus la possibilité d’exercer, sans pour autant avoir d’aide réelle puisque nous sommes soit à notre compte (et les reports de paiements de cotisations seront totalement insuffisantes, même l’aide de 1500€ max qui ne sera pas accordée à tout le monde), soit non-déclarées en raison de diverses situations compliquées. Eh oui, contrairement à ce qu’on pourrait croire, nous ne prenons pas de bains dans du champagne ni ne mangeons du caviar à la petite cuillère, étonnant non ?

Je ne fais pas partie des plus précaires. J’ai des sous d’avance, je peux me permettre de stopper mon activité pendant quelques temps. J’ai aussi pu recentrer mon activité (et ma libido, peu émue des catastrophes sanitaires) sur les prestations à distance, telles que vente de photos, échanges de sextos/mails érotiques, show webcams. Et nombre de mes collègues y sont mises également, en voici quelques-unes :

Lily (Rennes)

Laura (Rennes)

May Morning (Nantes)

Lila (Lyon)

Mais il y a aussi toutes les travailleuses du sexe qui ne peuvent se tourner vers le virtuel, pour tout un tas de raison (mères isolées, personnes étrangères, sans domicile fixe, etc…). Nombre de travailleuses de rue se retrouvent dans une situation extrêmement compliquée : d’un côté, travailler les met en danger, ainsi que les autres, de l’autre, les clients se font rares, et elles ne sont plus en mesure d’acheter à manger, de payer leur loyer.

Pour ces personnes, aucune aide n’est promise par le gouvernement. Ou alors j’ai loupé un épisode ? J’avoue que je suis plus branchée Netflix que journal de 20h…

Si tu es sensible à cela, je t’invite à faire un don sur les cagnottes individuelles des escort-girl que tu apprécies, ainsi que sur les cagnottes associatives destinées aux plus précaires d’entre nous.

En voici trois :

Cagnotte de l’association Grisélidis à toulouse

Cagnotte du syndicat des travailleurs sexuels – STRASS

Cagnotte de l’association acceptess-T

Pour ma part, par ces temps difficiles, une aide au financement de ma formation en psychothérapie serait plus que bienvenue, je peux te remercier avec de jolies photos 😉

Cagnotte de soutien à ma formation

Voilà à part mes grogneries colériques, mon confinement se passe plutôt bien, je vis des soirées sensuellement totalement débridées avec certains, on s’entraide avec ma voisine pour les courses, le quotidien et guetter les contrôles d’attestation, et parler de cul sinon c’est pas drôle…

Je t’embrasse tout plein, j’espère que tu ne vis pas trop mal ton confinement, et que si on ne se voit pas en cam, on se reverra juste après la fin du monde.

Tendrement, confinesquement,

Anna.